Dans la mythologie viking, les valkyries sont une forme d’extension du dieu Odin, chargé de conduire les guerriers morts au combat au Valhalla. Alors que l’image moderne des valkyries tend à mettre en avant leurs atouts majeurs et leur féminité, les sources correspondant à ces femmes et déesses guerrières vénérées par les Vikings sont, quant à elle, plus sombres.
Les Valkyries, servantes d’Odin
La réputation des valkyries, dans la mythologie nordique, est essentiellement liée à leur férocité.
Encore appelées « Walachuria », les valkyries sont des esprits féminins dont le rôle est d’aider le dieu Odin dont elles sont les servantes.
Leur image moderne est caractérisée par une forme d’élégance et de noblesse, ces femmes portant des héros morts au Valhalla.
Une forme contemporaine qui, bien que largement fidèle à ce qu’ont représenté les valkyries dans la mythologie viking, n’est qu’une représentation sélective qui exagère leurs attraits les plus agréables.
Dans une certaine mesure, les spécialistes de la mythologie viking ont tendance à voir cette image contemporaine des valkyries comme une forme aseptisée de ces personnages vikings légendaires.
Néanmoins, cette même forme est visible dans les dernières sources nordiques anciennes.
Ces dernières se concentrent notamment sur les relations amoureuses des valkyries avec les hommes et sur leur rôle consistant à aider Odin à transporter ses favoris parmi les morts (les Einherjars) au combat jusqu’au Valhalla, où ils lutteront à ses côtés pendant le Ragnarök.
Les sources relatives aux valkyries permettent de dégager des caractéristiques principales les concernant.
Néanmoins, il faut savoir que, à l’époque païenne, les valkyries étaient plus sinistres.
Leur nom signifie littéralement « choisisseuses des tués ».
Il fait référence non seulement à leur rôle de choisir celui qui sera admis au Valhalla, mais également au choix des valkyries de celui qui mourra au combat et à l’utilisation d’une magie malveillante pour s’assurer que leur préférence à cet égard se réalise.
Les exemples de valkyries qui décident de laisser la vie ou de donner la mort à tel ou tel personnage abondent dans les Eddas et les sagas vikings.
Le côté macabre des valkyries est illustré de manière très vivante et imagée dans leDarraðarljóð, un poème appartenant à la saga de Njal.
Dans ce poème, 12 valkyries apparaissent avant la bataille de Clontarf.
Elles sont assises sur un métier à tisser sur lequel elles conçoivent le destin tragique des guerriers.
L’activité de tissage des valkyries, il faut le noter, rappelle beaucoup celle des Nornes de la mythologie nordique.
Le fil qu’elles utilisent est composé d’intestins, les poids sont des têtes tranchées, les batteurs de leur métier à tisser sont en réalité des épées et des flèches.
En travaillant, elles chantent leurs intentions avec un plaisir sinistre.
La Völsunga Saga associe notamment le fait d’observer une valkyrie à celui de « regarder dans une flamme ».
Cette image se confirme d’ailleurs lorsque l’on se tourne du côté des coutumes des autres peuples germaniques.
Par exemple, chez les Anglo-saxons, les valkyries étaient des esprits féminins du carnage.
Les Celtes, avec lesquels les Nordiques et d’autres peuples germaniques ont eu des échanges culturels fructueux pendant de nombreux siècles, avaient des êtres similaires, comme les déesses de la guerre Badb et Morrígan notamment.
Dans leurs manifestations amoureuses ou meurtrières, les valkyries doivent être considérées comme faisant partie de certains aspects complexes du chamanisme qui domine la religion germanique préchrétienne.
Au même titre que les corbeaux Hugin et Munin, les valkyries sont en réalité le prolongement d’Odin, des êtres semi-distincts faisant partie de la grandeur du dieu de la mythologie viking.
Les principales valkyries à connaître
Bien qu’il soit difficile de déterminer exactement le nombre de valkyries dans la mythologie viking, toutes sans exception ont eu un rapport avec la guerre et les armes.
Elles sont, ce que l’on appelle aujourd’hui, des femmes guerrières dans les légendes vikings.
Freyja est, sans conteste, la première des valkyries.
Tout comme Odin, elle accueille, dans son manoir, la moitié des guerriers morts au combat.
Dans la Voluspa, un poème de la mythologie nordique du 10e siècle, la prophétesse Volva présente une liste de six valkyries : Skuld, Skogul, Gunnr, Hildr, Gondul et Geirskögul.
Dans l’un des poèmes mythologiques de l’Edda poétique, le Grimnismal, d’autres valkyries sont nommées, certaines d’entre elles étant chargées d’apporter, à Odin, une corne à boire.
De ce fait, des valkyries supplémentaires apportent des boissons aux guerriers morts lorsqu’ils arrivent au Valhalla.
La liste des 15 valkyries les plus célèbres, telle qu’elle est présentée dans l’Edda, inclut :
- Hrist (celle qui bouleverse)
- Mist (brume)
- Skeggiold (Temps des haches)
- Skogul (qui se porte en avant)
- Hild (combat)
- Thrud (vigueur)
- Hlokk (éclat)
- Herfiotur (qui paralyse le guerrier)
- Goll (vacarme)
- Geirahod (lance pointée en avant)
- Randgrid (ravage des boucliers)
- Radgrid (avide de commander)
- Reginleif (héritière des dieux)
- Gunn (combat)
- Rota (bataille)
- Skuld (la plus jeune des Nornes)
À travers les différentes histoires de la mythologie viking, on retrouve également des valkyries individuelles.
À titre d’exemple, dans le Helgakvida Hjorvardssonar, un poème de l’Edda poétique, le fils du roi de Norvège voit passer neuf valkyries, dont Svava (femme de Souabe, faiseuse de sommeil), qui se trouve également à être la fille du roi Eylimi.
Cette valkyrie aurait protégé Helgi tout au long de sa vie.
Ces exemples montrent que les valkyries, femmes et déesses guerrières de la mythologie nordique, ont souvent fait l’objet de confusion. Il est possible que les mélanges aient été associés, au cours du temps, avec les influences du christianisme, qui ont également laissé entrer d’autres figures mythologiques interprétées comme des ancêtres historiques.
Rencontre avec Brynhild, valkyrie célèbre de la mythologie nordique
L’une des figures les plus célèbres parmi les valkyries est Brynhild (ou Brunehilde), dont l’histoire est relatée dans la Volsunga.
Une histoire qui révèle de nombreuses croyances que les historiens associent aux valkyries.
Considérée comme la fille préférée d’Odin, Brynhild fait partie des généraux valkyries, dont le rôle est de sélectionner les Einherjar, les héros morts au combat.
Princesse guerrière extrêmement belle, elle est présentée comme le personnage principal des poèmes épiques de l’Edda poétique.
En revanche, dans La Chanson des Nibelgungen, elle occupe une place nettement moins importante.
Brynhild est une vierge farouche connue pour son histoire d’amour avec Siegfried, un valeureux soldat ; une histoire complexe qui aboutit au mariage de la valkyrie avec Gunnar-Gunther.
Se sentant trahie par celui qu’elle pensait pouvoir épouser, Brynhild ordonne l’assassinat de Siegfried et, remplie de remords, elle se suicide dans la version nordique de l’histoire, pour rejoindre celui qu’elle aime dans l’au-delà.
Plusieurs sources scandinaves décrivent Brynhild comme une valkyrie possédant des qualités surnaturelles.
Elle est représentée sous forme de jeune vierge guerrière, coiffée d’un casque et portant une armure, une lance et un bouclier.
Dans certaines histoires, elle chevauche son coursier, Grani.
L’Edda en Prose relate la première histoire de Brynhild, vers l’an 1220 de notre ère.
L’auteur (Snorri) la relate à travers plusieurs chapitres et l’histoire de la valkyrie se rapproche beaucoup de la saga Völsunga, bien qu’elle soit plus courte.
C’est d’ailleurs dans la saga Völsunga que l’on retrouve la version la plus complète sur la vie de Brynhild dans la tradition scandinave.
Fille de Budli, Brynhild est élevée comme une valkyrie et se trouve contrainte, à l’âge de 12 ans, de prêter un serment de loyauté au roi Agnar.
C’est ainsi que, lorsque ce dernier combat le géant Hjálmgunnar, Brynhild intervient pour lui apporter son aide.
Désireux de voir Hjálmgunnar gagner, Odin punit la jeune valkyrie avec une épine de sommeil, déclarant que la jeune femme doit se marier.
Cette dernière jure qu’elle ne se réveillera pas, à moins d’être sauvée par un homme sans peur.
Cet homme, ce sera Sigur-Siegfried, celui même qu’elle finira par assassiner avant de le retrouver dans l’au-delà.
Les valkyries, source inépuisable d’inspiration
Le célébrissime opéra de Wagner, la Chevauchée des Valkyries, a été repris maintes fois au cinéma (Apocalypse Now, Mon nom est Personne, L’Aile ou la Cuisse…), dans la publicité et dans l’histoire.
En effet, l’air qui fut, à l’origine, le prélude de l’acte trois de l’opéra de Richard Wagner, fut utilisé par le parti nazi dans le cadre de sa propagande.
Dans l’œuvre de Wagner, les valkyries s’apprêtent à remonter au Valhalla avec les héros morts qu’elles ont choisis.
En guise de ralliement, les vierges guerrières crient, confrontées à la trahison de Brynhild.
Mentionnons également la valkyrie, une super héroïne de Marvel Comics.
Née de l’imagination de Roy Thomas et John Buscema, elle apparaît dans le premier comic book Avengers en 1970.
À l’écran, elle est incarnée par l’actrice Tessa Thompson.
On retrouve également les valkyries dans des jeux vidéo, à l’image de God of War, paru en 2018, dans lesquels apparaissent Gunnr, Kara, Geirdiful, Oirun, Eir, Gondul, Rota, Hildr et Sigründ.
